Attendus pour la fin mars, le décret définissant les compétences et l’arrêté précisant le contenu de l’audit énergétique obligatoire pour la vente des passoires énergétiques en monopropriété ont été publiés au Journal officiel de ce jeudi 5 mai. Ils ne présentent pas de changements majeurs par rapport aux projets soumis à consultation que nous présentions début mars. Ils maintiennent une période transitoire jusqu’au 1er janvier 2024.
En ce qui concerne les exigences de qualification, les diagnostiqueurs possédant une certification DPE sans mention pourront bien réaliser ces audits en « justifiant des compétences nécessaires pour réaliser l’audit énergétique [des bâtiments ou parties de bâtiment à usage d’habitation comprenant un seul logement]. Le référentiel de compétences spécifiques à la réalisation de l’audit énergétique ainsi que les modalités de contrôle de ces compétences sont précisées par décret« . En attendant, et jusqu’au 31 décembre 2023, une période transitoire est mise en place. Durant celle-ci, le diagnostiqueur certifié DPE pourra prétendre à la réalisation des audits énergétiques sous réserve de la délivrance par un organisme certificateur d’une attestation justifiant :
Cette attestation d’auditeur énergétique n’est valable que 9 mois. Elle peut néanmoins être prorogée par l’organisme de certification, jusqu’au 31 décembre 2023, après un examen documentaire portant sur 2 audits sélectionnés de façon aléatoire parmi un panel de 5 audits que lui aura transmis le diagnostiqueur.
La liste des organismes de certification pouvant délivrer cette attestation sera rendue publique sur un site internet relevant du ministère chargé de la construction.
Ces conditions de qualification à l’audit pour les diagnostiqueurs certifiés DPE ne sont donc prévues que jusqu’au 31 décembre 2023. Aucune précision n’est donnée quant à l’évolution des critères exigés à compter du 1er janvier 2024, mais il est évoqué la création d’une « mention audit ».
Pour le moment, l’audit énergétique réglementaire n’est pas adossé aux dispositifs d’aides (MaPrimeRénov’, CEE, etc.), les pouvoirs publics se réservant probablement cette possibilité à l’issue de la phase transitoire.
Ce décret précise également l’étendue de la mission qui inclut une visite de l’habitation et la rédaction d’un rapport de synthèse dans lequel devront apparaitre :
La durée de validité retenue pour l’audit réglementaire est de 5 ans, période durant laquelle l’auditeur devra le tenir à la disposition des propriétaires successifs. A leur demande, il leur délivre des informations sur les propositions de travaux présentées et, le cas échéant, atteste de la réalisation de scénarios de travaux présentés dans les audits, sans qu’il soit nécessaire pour le propriétaire intéressé d’entreprendre la réalisation d’un nouvel audit.
Le décret rappelle également l’obligation d’assurance de l’auditeur pour la réalisation de cette mission et la mise en service d’un système de collecte des fichiers informatiques standardisés des audits énergétiques.
Enfin, le décret précise que l’audit énergétique deviendra obligatoire pour la vente des logements appartenant à la classe F et G au 1er septembre 2022 et rappelle l’entrée en vigueur pour les autres classes (2025 pour les logements de classe E et 2034 pour les logements de classe D).
Contenu de la mission
Préalablement, le propriétaire devra fournir à l’auditeur les factures des travaux réalisés, le DPE et les différents diagnostics techniques immobiliers en sa possession. À noter que l’auditeur ne pourra sous-traiter tout ou partie de l’étude. L’auditeur réalise une visite sur site, en présence du propriétaire si celui-ci le souhaite. Cette visite s’accompagne d’un diagnostic des modes constructifs, des principales caractéristiques architecturales et thermiques du bâtiment et de ses équipements énergétiques ainsi que des éventuelles pathologies du bâtiment. L’auditeur pourra néanmoins s’appuyer sur l’état des lieux du bâtiment réalisé dans le cadre du DPE, après avoir vérifié, in situ, que les éléments du récapitulatif standardisé sont ceux effectivement mis en œuvre dans le bâtiment et les avoir corrigés si nécessaire.
La mission d’audit énergétique débute par un état des lieux de l’existant comprenant :
Parcours de travaux de rénovation énergétique
Chaque proposition de travaux devra prévoir un parcours en une ou plusieurs étapes cohérentes entre elles, et compatibles avec l’état du bâti existant, notamment en ce qui concerne les matériaux constitutifs des parois opaques.
L’une de ces propositions devra préparer un parcours de travaux par étapes pour constituer une rénovation performante et intégrant l’étude des six postes de travaux suivants : isolation des murs, isolation des planchers bas, isolation de la toiture, remplacement des menuiseries extérieures, ventilation, production de chauffage et d’eau chaude sanitaire ainsi que les interfaces associées. Le parcours de travaux devra comprendre :
Une seconde proposition devra faire en sorte que les travaux soient réalisés en une seule étape pour constituer une rénovation performante, c’est-à-dire atteindre un niveau de performance au moins égal à celui de la classe B en intégrant les 6 postes précédemment cités.
Pour chaque étape des parcours de travaux, l’audit énergétique devra préciser :
Enfin, l’audit énergétique comporte des informations sur :
Dérogations
En ce qui concerne les propositions de travaux de rénovation, l’arrêté précise qu’elles devront être compatibles avec les servitudes prévues par le code du patrimoine et ne présentent pas un coût disproportionné par rapport à la valeur du bien, ce dernier critère étant évalué sur la base du coût des travaux calculé de manière cumulée, depuis l’état initial, pour porter le logement au niveau de l’étape étudiée. (voir notre article sur les exceptions à la rénovation performante)
S’il n’est pas possible d’atteindre la classe B, le parcours de travaux devra prévoir le traitement optimisé en fonction des contraintes des 6 postes de travaux présentés dans le parcours « normal » et permettre d’atteindre au minimum :
Contenu du rapport
Le rapport de synthèse devra être transmis au commanditaire sous un délai d’un mois après la visite du logement et devrait comprendre :
Il sera accompagné d’un récapitulatif standardisé de l’audit énergétique au format XML, avec l’intégralité des données renseignées par l’auditeur et les données calculées pour la réalisation de l’audit énergétique, soit notamment les éléments suivants :
L’entrée en vigueur sera-t-elle maintenue pour septembre ?
La publication de ces textes marque l’achèvement du travail réglementaire permettant d’encadrer l’audit énergétique obligatoire. Avec le retard pris, une autre course contre la montre se poursuit désormais pour finaliser et tester l’outil et les logiciels, d’une part, et former les professionnels d’autre part, le tout avant le 1er septembre 2022. A moins que le ministère n’active la clause de revoyure en juin, comme cela a été évoqué, et décide finalement de reporter une nouvelle fois l’audit de quelques mois comme l’ont demandé plusieurs fédérations de diagnostiqueurs.